Beata Szparagowska

Après avoir écrit un mémoire en littérature sur l’impuissance des mots à dire les choses, Beata Szparagowska vient à Bruxelles et commence les études de photographie à l’Ecole Supérieure des Arts de l’Image « Le 75 » (diplôme en 2009). Elle a plusieurs expositions individuelles et collectives en Belgique, en France et en Suisse à son actif, comme Studio Matonge (Namur, Bruxelles, Rencontres d’Arles 2010, Lille 2000), Cisza (Bruxelles), Hide & Seek (Bruxelles, Namur, Marseille, Paris, etc.), Lignes de fuite (Bruxelles, festival Photaumnales de Beauvais), Entre chien et loup (Bruxelles)… Entre 2010 et 2012 elle est en résidence d’artiste à « L’L », lieu de recherche et d’accompagnement pour la jeune création à Bruxelles suivie par la publication, en 2012, de son premier livre monographique, Hide & Seek aux éditions Le caillou bleu. Elle développe des projets documentaires liés à de différents territoires et communautés. Elle travaille souvent avec des artistes du milieu des arts vivants et est membre du collectif Ubik Group avec qui elle a co-écrit et mis en scène plusieurs spectacles. Depuis des années, elle anime des ateliers photo pour des publics divers. Récemment, elle a commencé à se former en fasciathérapie.


D’un projet à l’autre, je cherche des formes d’engagement dans la réalité photographiée qui soient d’un autre ordre que celles du reportage traditionnel. Depuis le début de ma pratique en tant que, je poursuis une réflexion sur l’image, sur son potentiel – d’une part documentaire, d’autre part fictionnel –, sur son caractère ambivalent. Travaillant tout d’abord sur les espaces urbains occupés par les sans-abris, je souhaitais me méfier autant de certains codes misérabilistes de « la photo de SDF » que des dangers d’esthétisation. Dans la rue, sur les trottoirs, je cherchais des traces. Comme j’en chercherai plus tard dans ma Pologne natale, entre photos de famille re-regardées et retravaillées et de nouvelles photos de la maison de mon enfance, une dernière fois accessible à la veille de sa mise en vente. Je tiens toujours à questionner l’image qui se donne, l’image qu’on trouve, qu’on cherche, qu’on prend - ou qu’on refuse de prendre. Pour la série Studio Matonge, refuser l’exotisme trop évident m’a permis de mettre en place avec les habitants un protocole collaboratif de mise-en-scène et de portraits. J’ai poursuivi une démarche similaire sur l’invitation de la Ville de Bruxelles pour élaborer un projet de portraits posés et des mises en scène in situ avec des équipes de balayeurs de la ville. Ce projet a inspiré les commissaires de la Triennale des arts d’Ottignies-Louvain-La-Neuve qui m’ont commissionné une série d’images mises en scène réalisées avec des ouvriers de la commune. Mes projets participatifs m’ont mené à découvrir d’autres communautés, d’autres visages, d’autres gestes à photographier. Pendant plusieurs années j’ai travaillé sur une série de portraits avec un groupe de jeunes du quartier de Cureghem, Bruxelles. Une publication et une exposition ont clôturé ce projet. Pareil pour le quartier Melkriek de Bruxelles, un projet d’ateliers photo sur place s’est transformé au fur et à mesure en un projet plus approfondi sur les habitants, le vivre ensemble, les mutations du quartier. En alternance avec ces projets plus « documentaires » (ou en tout cas plus ancrés dans du réel de la ville), je développe des séries de fictions photographiées. Commencée au sein de L’L, lieu de recherche pour la jeune création
à Bruxelles, la série Hide & Seek, se méfiait de l’image du spectacle, de la scène, des spots et des décors, pour repartir – en spirale centrifuge et en complicité avec les comédiens et danseurs – du studio de recherche et de répétition, aux coulisses, puis à l’air libre, aux paysages hors des murs, parfois à mille kilomètres du point focal de départ. Puis est venue une autre série, Open Space, développée avec les comédiens du collectif Ubik Group, ayant comme but d’inventer et d’explorer les situations oniriques liées à l’univers du travail. Et, récemment, pour le projet en cours Entre chien et loup, l’idée est de faire interagir le paysage avec la mise en scène de du corps dans l’espace et de tisser à partir de là des bribes de fictions imprégnées du paysage, de la lumière du crépuscule, de l’appel de la nature. Entre des portraits et des photos de lacs, de prairies et de forêts, écouter ce lien intime mais aussi – encore et toujours – le mettre en scène. Enfin, comme pour des projets plus ancrés dans du réel, j’aime travailler sur des liens à tisser avec les spectateurs : comment peuvent-ils recevoir ces images, sous quelles formes, comment une certaine expérience photographiée peut-elle être partageable, commune ? Comment une image ou une série d’images peuvent-elles devenir un espace de respiration, de liberté, de rêve partageable…


Site web :

beataszparagowska.com

Langue : Français